Un abécédaire de l’apprentissage en ligne – 2^e partie : ce qui fonctionne pour le camionnage

Mark Murrell

Le 10 octobre 2017

Dans la première partie de cet article, j’ai passé en revue les différentes approches en matière d’apprentissage en ligne et discuté de celles qui sont le plus employées aujourd’hui dans le monde des affaires.

On y mentionnait cinq principaux styles, allant de très simple à très sophistiqué. En résumé :

• Diapos de base – principalement du texte et des images, divisés en pages ou en diapos, et possiblement agrémentées de mini-quiz.
• Style formation assistée par ordinateur (FAO) – du texte, des images, des vidéos, de l’animation, de la narration et une plus grande variété de quiz et d’exercices.
• Logiciel Flash/Style américain – de l’audio et des vidéos, peu de texte dans les sections de contenu. Parsemé de quiz et d’exercices interactifs.
• Cours immersifs – des environnements virtuels qui présentent le contenu dans le contexte d’une simulation d’activités réelles.
• Ludification – des quêtes de jeux vidéos, avec une touche éducative; les participants apprennent en ramassant des points et en partageant leurs résultats socialement.

Chaque modèle successif est plus sophistiqué que les précédents, alors ce n’est sans doute pas étonnant qu’ils prennent progressivement plus de temps à créer, et qu’ils coûtent de plus en plus cher à produire. Un cours développé à partir de diapos peut être créé en deux ou trois semaines pour quelques milliers de dollars par heure de contenu terminée (la norme pour tout apprentissage en ligne sur mesure), tandis que les cours immersifs et ludiques peuvent prendre jusqu’à un an de développement et coûtent de 50 000 $ à 75 000 $ par heure terminée. C’est toute une différence!

Il est important de mentionner qu’un style n’est pas fondamentalement meilleur qu’un autre. Chacun comporte ses propres forces et faiblesses, et des situations pour lesquelles il est idéal.

Cependant, dans le camionnage, la plupart d’entre eux ne fonctionnent pas très bien. Pour comprendre pourquoi, il faut examiner certains des éléments qui entravent une solution d’apprentissage en ligne pour le camionnage :

• Les changements réglementaires – s’il y a bien une chose que j’ai apprise en œuvrant dans ce secteur depuis 12 ans, c’est que le secteur du transport routier ADORE changer la réglementation. En effet, dès qu’une loi entre en vigueur, un effort concerté dans une certaine branche s’évertue à la changer. Par conséquent, toute solution d’apprentissage en ligne doit être conçue en tenant compte du fait que le contenu devra être modifié, peut-être rapidement, et que le changement en question risque aussi d’être annulé plus tard.
• L’usage de la technologie – l’auditoire du secteur du camionnage s’assoit rarement dans un bureau, devant un nouvel ordinateur rapide, pourvu d’une connexion Internet à haute vitesse. La plupart du temps, les gens se servent d’une technologie un peu dépassée par rapport à la fine pointe de l’heure, dotée d’une connexion qui est lente, partagée ou dédiée à d’autres activités, et ils peuvent aussi se servir d’un forfait de données cellulaires.
• Caractéristiques de l’auditoire – l’industrie du transport routier comprend un mélange assez équilibré des différents styles d’apprentissage, ainsi qu’un large éventail d’âges, de niveaux de scolarité, d’alphabétisation et d’aise avec la technologie.
• Sensibilité aux prix – le camionnage est une industrie à faible marge bénéficiaire, comportant peu de jeu pour de nouvelles dépenses.

Ces contraintes éliminent assez rapidement certains types d’apprentissage en ligne mentionnés plus haut.

Les cours immersifs et ludiques prennent trop de temps à développer pour suivre l’évolution de la réglementation. En général, ils fonctionnent avec une technologie de pointe et des connexions à haute vitesse pour fournir une expérience ultime, ce qui élimine une grande partie de l’auditoire cible. Finalement, leur développement coûte cher dès le départ, et des mises à jour régulières ne font qu’ajouter à la facture. Le résultat est un produit final non viable sur le marché. Par conséquent, il n’est pas étonnant que ce genre de cours soit rare dans le camionnage à l’heure actuelle.

Les cours sur Flash se développent plus rapidement et sont plus abordables, mais, en général, ils nécessitent de l’équipement électronique et une connexion de meilleure qualité, ce qui limite leur efficacité dans ce cas-ci. En outre, le manque de texte pose un problème pour une bonne partie de l’auditoire qui préfère apprendre par la lecture, ou pour les gens dont la langue maternelle n’est pas le français (ou l’anglais) et qui réussissent mieux lorsqu’ils peuvent voir et entendre les mots simultanément.

À l’autre extrême, les diapositives de base sont produites rapidement et à bon marché, mais cette expérience d’apprentissage squelettique ne fonctionne pas pour un large segment de l’auditoire qui a besoin de plus d’interactions pour mieux assimiler la matière. Le contenu de formation sur la réglementation peut être assez aride, donc une simple approche texte-et-image ne fera qu’amplifier cet état de choses et les gens auront encore plus de difficultés à demeurer intéressés et à apprendre. De plus, tant qu’à n’utiliser que du texte et des images, un PDF qu’on peut imprimer et partager ferait mieux l’affaire, ou même une infographie serait plus agréable et a tendance à être mieux assimilée par les étudiants.

Ceci nous amène au style FAO, qui fonctionne vraiment bien dans le secteur du camionnage. La formation assistée par ordinateur fournit une excellente combinaison d’éléments d’apprentissage, et s’insère très bien parmi les contraintes mentionnées plus tôt.

• L’agencement de texte, d’images, de vidéos, de narration, d’interactions et de quiz répond à l’éventail de styles d’apprentissage, et soutient les besoins des participants, dont le français (ou l’anglais) est la langue seconde.
• Le développement est assez rapide, alors les mises à jour sont plus faciles lorsque la réglementation change, ce qui garde le produit final dans une fourchette de prix raisonnable.
• Cela prend peu de bande passante, la technologie est assez simple, ce style fonctionne donc bien sur des ordinateurs plus anciens et sur des connexions plus lentes, sans flamber les forfaits de données cellulaires.
• Ce style est pourvu de la souplesse nécessaire pour incorporer certains éléments propres aux approches plus sophistiquées, sans s’y engager totalement pour autant, et peut être très convivial et accueillant.

C’est pour ces raisons que nous utilisons ce modèle pour nos cours, et le dernier point est particulièrement important, car nous aimons bien incorporer différents éléments provenant de différents styles. Par exemple, l’un des avantages de l’apprentissage en ligne immersif est que cela donne aux gens une chance de simuler des scénarios du monde réel, ce qui les aide à comprendre comment la nouvelle matière s’intègre dans leur vie de tous les jours. Nous ne créons pas d’expériences entièrement immersives, mais nous employons des personnages et des scénarios qui démontrent comment le contenu s’applique à des situations réelles. Cela fournit un avantage comparable, mais dans un format beaucoup plus confiné et durable.

Donc, j’ai commencé cet article en deux parties par une discussion sur les différents types d’apprentissage en ligne qui sont communs dans le monde de la formation en entreprise en ce moment, mais les choix diminuent lorsqu’on commence à réfléchir aux exigences propres aux différents auditoires. Dans le cas du transport routier, et de ses besoins distincts, le style FAO finit par être la meilleure option. Bien entendu, cette catégorie comporte tout de même beaucoup de variété, mais ce niveau dépasse mes compétences, je vais donc laisser à Jane le soin d’en parler dans ses articles et ses webinaires!