Un conducteur a échoué à un test. Et maintenant?
Mark Murrell
Le 18 janvier 2017
Hier, on m’a posé une question très intéressante : Si un conducteur échoue à un test et que l’entreprise ne le retire pas de la route, fait-elle preuve de négligence?
La question est semblable à d’autres qu’on m’avait posées auparavant (et j’ai discuté en détail du sujet des notes de tests et de la négligence ici), mais cette variation en particulier est nouvelle, et elle m’a intrigué.
Ma réponse est venue en deux volets. Premièrement, j’ai suggéré à la personne de contacter un conseiller juridique pour obtenir une opinion formelle, s’il s’agit d’une préoccupation pour elle. Cependant, j’ai aussi fait remarquer que toutes les représentations juridiques dont j’ai été témoin et tous les avocats avec qui j’ai parlé disent la même chose au sujet de la minimisation de ce type de responsabilité – il faut établir un processus et ne pas en déroger. Par conséquent, qu’une personne passe ou échoue à un examen est moins important qu’être doté d’un processus pour gérer ces situations, et de le suivre à la lettre.
Si la politique de l’entreprise consiste à immobiliser tous les conducteurs qui échouent à un test, et qu’on omet de le faire dans une certaine situation, l’entreprise est plus susceptible d’être confrontée à des questions de négligence. Si la politique stipule que les personnes doivent participer à une rencontre, le plus rapidement possible après l’échec, alors permettre à un conducteur de prendre la route après ce revers ne poserait sans doute pas un gros problème.
Selon ces hypothèses, la partie la plus intéressante de la discussion tourne davantage autour de qu’est-ce qui constitue une bonne politique pour gérer les échecs aux examens. Devrait-on immobiliser les gens sur le champ? Devrait-on fixer une rencontre? Quelles sont les pratiques exemplaires en matière de suivi après une formation ou un échec à un test?
Voilà d’excellentes questions, et je réalise que je dois modifier mon webinaire How to roll out online training successfully (ou « Comment réussir la mise en œuvre de la formation en ligne »), pour y inclure une discussion sur ce sujet. Chaque entreprise doit déterminer ce qui lui convient le mieux, dans le contexte de ses activités et de sa culture, il vaut donc la peine de passer quelques minutes là-dessus au début du processus de mise en œuvre. Voici quelques éléments auxquels il faut songer.
Les échecs ne sont pas tous équivalents
Tout d’abord, il est important de se rappeler qu’échouer à un test n’est pas une situation aussi binaire qu’il puisse sembler. Oui, la note peut entraîner un résultat de passage ou d’échec, mais, dans le monde de la gestion des risques, ce n’est pas suffisant pour former un jugement éclairé. Peut-être que le participant a échoué au test par un seul point, car il a mal lu une question ou cliqué la mauvaise case, et ne s’en est pas aperçu. C’est très différent d’une personne qui ne répond pas à la moitié des questions parce qu’elle ne comprend pas le contenu.
En outre, les matières ne possèdent pas toutes la même pondération. La conduite sécuritaire, les journaux de bord, les rondes de sécurité, voilà des matières qui touchent la sécurité routière directement, alors elles sont assez importantes, mais si quelqu’un échoue au cours de gestion de la fatigue? Ce n’est pas tout à fait la même chose.
Au moment de rédiger une politique sur la gestion de l’échec à des tests, assurez-vous de considérer ces différentes situations et de planifier en conséquence.
Test échoué ou cours échoué?
Un grand nombre de systèmes d’apprentissage en ligne, y compris le nôtre, offrent une certaine souplesse en matière d’échec aux tests. Reconnaissant que les gens échouent pour une foule de raisons, comme je l’ai mentionné plus tôt, la plupart des systèmes de gestion de l’apprentissage commerciaux donnent quelques chances pour le test final avant de marquer un cours comme étant échoué. Dans notre système, les gens ont deux chances, mais j’en ai vu d’autres qui en offrent trois.
Une politique qui se préoccupe des personnes qui échouent à un cours, plutôt qu’à un test en particulier, fournira de meilleures observations sur les véritables niveaux de connaissances, et aidera à déterminer si une activité de suivi est justifiée ou non.
Oublier la perfection
Je me suis déjà plaint des tests qui exigent une note de passage de 100 %, et la question est importante ici aussi. Obliger les gens à obtenir 100 % à un examen ne confirme pas qu’ils connaissent toutes les réponses, et cela ne vous donne pas les outils de gestion dont vous avez besoin pour intervenir adéquatement. Un suivi de la part des gestionnaires est beaucoup plus important et profitable, alors concentrez-vous sur la création d’une politique qui inclut une révision des activités des conducteurs, et prenez des décisions éclairées sur les interventions supplémentaires, plutôt que de demander aux personnes de réessayer jusqu’à ce qu’elles obtiennent une note acceptable.
Le présentiel n’est pas nécessaire
L’un des points sur lesquels nous avons remarqué un angle mort important dans le secteur du transport routier dans son ensemble est l’accent mis sur les réunions en personne. Dans le cadre du programme Les flottes les plus en vue (Best Fleets to Drive For), nous demandons aux entreprises comment elles structurent leurs réunions de conducteurs, et un important pourcentage des participants répondent qu’ils n’arrivent pas à rassembler les gens pour mener une réunion. Ils ignorent complètement les options comme les conférences téléphoniques et les réunions virtuelles, qui sont conçues exactement pour ces situations.
Pour le suivi après la formation, c’est du pareil au même. Pourtant, il n’y a aucune raison de faire cela seulement en personne. Si la politique précise que les conducteurs qui échouent à un test doivent se rendre au terminal pour assister à une formation en personne, ce sera insoutenable, car cela perturbe énormément les activités de l’entreprise. En outre, ce n’est pas nécessaire, puisqu’il y a tellement d’autres moyens d’accomplir la même chose.
Une meilleure option est de commencer par un appel téléphonique pour discuter des résultats. Si, au cours de l’appel, il semble évident que le conducteur a besoin d’une plus grande attention individuelle, ou qu’il tirerait parti d’une formation spécialisée, on peut l’inscrire au calendrier à ce moment-là, mais il faut commencer avec quelque chose de raisonnable.
Une analyse des tendances est utile
Faire un suivi individuel et planifier des activités en fonction de résultats précis sont deux éléments profitables, mais une analyse des tendances plus étendues est tout aussi utile. Si l’on identifie les matières qui ont tendance à poser des problèmes ou les individus qui éprouvent de la difficulté dans une variété de sujets, cela donne de bons indices sur les endroits qui nécessitent de l’attention, mais qui ne sont pas aussi évidents lorsqu’on examine les résultats individuels. Ces observations permettent de procéder à des interventions proactives qui contournent complètement les problèmes.
Réunir toutes les parties
Si on rassemble toutes ces pièces, on pourrait créer un processus qui ressemble à ceci :
- Un conducteur qui échoue à un cours dont la matière est directement liée à la sécurité routière reçoit un appel téléphonique de suivi de la part d’un formateur dans un délai de deux (2) jours ouvrables suivant l’échec, afin de discuter des résultats.
- Après l’appel en question, le formateur détermine un plan d’action approprié. Lors de l’appel, les lacunes en matière de connaissances peuvent avoir été suffisamment abordées, ou on pourrait créer un plan de coaching personnalisé. Les plans de coaching personnalisés débutent dans un délai d’une (1) semaine, et se poursuivent jusqu’à ce la personne démontre les compétences.
- Au début de chaque journée, le personnel de la sécurité examine les activités de la veille, et identifie les conducteurs qui répondent aux critères pour un appel de suivi.
- Sur une base mensuelle (ou trimestrielle, selon la taille de la flotte et de ses activités), le personnel de la sécurité produit des rapports analytiques afin d’identifier les matières qui nécessitent un suivi supplémentaire et planifie une formation proactive pour rectifier la situation. Des analyses semblables identifient aussi les individus qui ont besoin d’un suivi plus encadré, et on planifie également ces activités.
Vous pourriez entrer dans plus de détails au sujet des cours qui sont considérés comme étant propres à la sécurité routière, mais il s’agit ici d’un point de départ. Je planifierais aussi de passer la politique en revue chaque trimestre au cours de la première année et de la modifier au besoin, puisque vous devrez sans doute la réviser quelques fois avant de trouver le bon équilibre pour votre entreprise. Rédigez tout cela, passez-le en revue avec les responsables du service des risques chez votre assureur, ainsi qu’un conseiller juridique, et vous aurez fait un grand pas dans la bonne direction!